mardi 30 mars 2010

Tentadero de machos

La promptitude de Gavilán à la citation de Julio Parejo(Photo Gallardo)

Aujourd’hui, des mâles de deux ans ont été testé, dans le but de sélectionner un étalon. Quoi de plus normal que de réaliser cette épreuve un 19 mars, fête de la Saint-Joseph, fête de tous les pères d’Espagne…
Pour organiser un test de mâles, il faut des arènes, des mâles, des toreros, et de la chance.
Pour les arènes, on a ça à Mirandilla.
Pour les mâles, j’avais soigneusement retenu sept erales* qui m’intéressaient pour leur lignée génétique, leur morphotype et leurs cornes.
Pour les toreros, mon choix s’était porté sur un matador aujourd’hui retiré, qui s’est “fait” comme professionnel à Mirandilla, qui a une grande connaissance du bétail d’Albaserrada et un grand respect pour l’histoire de cette ganadería : Tomás Campuzano. Ce dernier accompagnait les deux poulains qu’il cornaque, le matador Julio Parejo et le novillero Salvador Barberán, aidés de leurs banderilleros de confiance. Le picador, évidemment fondamental pour jauger la bravoure des bêtes, était un membre de la dynastie des “Chocolate”.
Tout est en place : deux vachers au dessus des corrals pour trier rapidement le bétail, un picador, cinq toreros, chacun avec sa branche de laurier, un mayoral aux commandes, et … “que Dios reparta suerte”.
Tester les mâles à la branche de laurier, permet de ne pas “sacrifier” la bête puisque sans avoir connu le leurre de la cape, elle pourra être toréée dans un an ou deux. Si l’animal se comporte en brave dès sa sortie et lors de l’épreuve de piques, la mayoral demandera au torero de le toréer, “quemarlo” dans le jargon. Cette décision est sans retour possible: le taureau sera alors semental ou viande d’abattoir!
Décider en un instant, après seulement deux minutes de présence en piste, le destin d’un taureau et peut-être même d’un élevage, est une responsabilité énorme. Et c’est là que le mayoral a besoin que la chance l’accompagne.
Finalement, Gavilán, sorti en 3º position, marqué du nº 17, un beau chorreado*, bien armé et fin de type a satisfait le mayoral, l’éleveur et … le matador! Cette unanimité est assez rare pour la signaler. Il a confirmé lors d’une lidia* intégrale, les qualités entrevues à la pique.
Après quelques jours de soins, Gavilán retrouvera la liberté et ses frères. Ce n’est que l’hiver prochain qu’il sera réuni avec une vingtaine de vaches de ventre. Ses premiers enfants naîtront à l’automne 2011 et ses premières filles seront testées au printemps 2013. Ce n’est qu’alors, si ce test s’avère satisfaisant, que le mayoral décidera si Gavilán peut entamer une carrière d’étalon. Patience, vous avez dit patience!

Comportement des erales :

1/ Almejito, nº 24, 2 piques en restant. Cherche la querencia* de la porte principale.
2/ Trolero, nº 16, contourne le cheval à deux reprises.
3/ Gavilán, nº 17, 5 piques, planté sous le cheval, en poussant droit, de bas en haut, mettant les reins. Placé à la cape, 2 piques supplémentaires, de loin, galopant droit, la tête au sol. Prompt.
Muleta : met bien la tête. Noble. Beaucoup de fixité. Gueule fermée. S’est amélioré en cours de faena. Mugissement retenu de brave. Brave et noble.
4/ Fervoroso, nº 13, se défend au châtiment. Bouge la tête et fait "chanter" l’étrier.
5/ Buenavista, nº 30, mugissement de plainte. Coups de pattes en l’air. Manso*.
6/ Entendido, nº 14, 4 légères piques en fuyant.
7/ Granero, nº 27, mugissement de plainte. Cherche à contourner le cheval. Manso.



Eral : taureau âgé de 2 à 3 ans

"Que dios reparta suerte" : “Que Dieu répartisse la chance”. Dicton que l’on se souhaite avant un événement taurin.

Chorreado. Chorrear : dégouliner. Robe de taureau, où des traces marrons “dégoulinent” le long des flancs de l’animal depuis la colonne vertébrale.

Quemar : brûler. Au campo, toréer un mâle qui ne pourra donc plus être utilisé en arène.

Lidia : ensemble des phases du combat du taureau en arène. Lidiar : toréer.

Querencia : refuge. Notion fondamentale, au campo et en piste. Terrain où le taureau se sent plus à l’aise.

Faena : passes de muleta qui précèdent et préparent la mise à mort de l’animal.

Manso : lâche, peureux. Peut vouloir aussi dire malin.

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