dimanche 28 décembre 2014

Meilleurs vœux pour cette nouvelle temporada 2015 depuis Mirandilla

Photo (retouchée) d'Alex Blanco

L'album des journées de Torrito Afición, la suite ...


Sur cet album, les photos de Marc Levieuze et Maguelone Gourgeon des Journées TORRITO AFICION de novembre dernier.

Longue vie au nouveau semental Chacha


Le 10 novembre dernier, lors des V° Journées de TORRITO-AFICION à MIRANDILLA, a eu lieu un tentadero fondamental pour le futur de la ganaderia du Marquis d’ALBASERRADA .

En première partie les matadors Luis VILCHES, Salvador VEGA et Manuel ESCRIBANO ont testé trois vaches issues du rafraîchissement  ISAIS y TULIO VAZQUEZ. Très typées en PEDRAJAS, elles montrèrent des comportements variés avec une tendance récurrente à rester sur leur réserve, la n° 26 avec plus de transmission, la n° 51 avec une grande noblesse et la n° 82 se livrant peu.

Le sorteo dans la casquette du mayoral

Après huit filles testées cet automne, on peut faire un premier bilan du résultat de ce croisement.
Physiquement, les produits sont de volumes réduits et de cornes conséquentes. Leurs robes sont bragadas, jironas, calceteras y coleteras, comme leur grand-père, le père des étalons de TULIO arrivés à MIRANDILLA à l’automne 2012, ACEITUNITO et ATURDIDO.

La constatation la plus positive est la force dégagée par les génisses. Aucune chute ni  fléchissement à noter, toutes terminant  gueule fermée. Les bêtes sont résistantes et avec des pattes solides alors que les dimensions de la CERCA DE LOS FRANCESES est très exigeante pour le bétail.

La typique robe d'une Tulio

Pour ce qui est du moral, le comportement est en général plus défensif qu’offensif. Les becerras ne se livrent pas facilement, ni au cheval ni dans la muleta. Elles ont du mal à humilier et gardent même la tête très haute.
Leur charge dégage du relief et il est difficile de lier les passes devant-elles sans perdre du terrain. A noter une tendance à marcher ou trotter sans s’arrêter, très indisposant pour le torero et qui peut s’analyser par un manque de concentration, voire de race.

Le bilan est donc mitigé pour l’instant. Il reste encore six filles de cette première génération à tester ce printemps. A vérifier si avec quelques mois supplémentaires, le moral va se bonifier (les vaches les plus âgées ont été les meilleures). De plus il faudra tester quelques mâles en privé ou en novillades non piquées, pour se rendre compte si le résultat est identique avec les machos qu’avec les femelles.

Les TULIOS ayant couvert trois saisons, il faudra attendre de jauger les générations à venir.

Le plat de résistance de ce tentadero consistait à tester trois nouveaux mâles de sang GARCIA PEDRAJAS. Après un sorteo en piste, le n° 9 « Abrepuertas » correspond à  Luis VILCHES. Sortie en piste encastée et violente, voire brute. Son impétuosité lui fait d'ailleurs subir une vuelta de campana qui va lui ôter de la force. Au cheval, il reçoit trois piques en s’étiolant. Il s’enfuit finalement de la lutte. Manso.
Un incident de lidia a ensuite une conséquence sur le reste du combat. Voyant bouger des jambes de spectateurs par dessous le portail de sortie des corrals, il s’échappe en l’ouvrant  d’un violent coup de tête. Grosse frayeur pour Serge GENEST … Revenu en piste, l’animal va s’en souvenir et ne va avoir de cesse que de regarder dans cette direction et de s’en rapprocher pour terminer en querencia totale devant le portail, gueule ouverte de fatigue.

Animal noble, mais manquant de race.

"Abrepuertas" dans la muleta de Vilches


Manuel ESCRIBANO reçoit « Zagalo » le n° 5 qui répète avec race dans la cape, mettant la tête en bas et faisant l’avion. Le tercio de piques est très intéressant avec un comportement de manso lors des deux premières rencontres, mais se chauffant dans l’épreuve il va pousser en brave dans les trois attaques suivantes, bien que tardif à la réaction. Un grand manso encastado qui va confirmer cette caractéristique par la suite.
Après les piques, le taureau s’améliore. Avec fixité, il charge en planant, très humilié, sur les deux cornes. Il va loin après le leurre avec rythme, fond et transmission. Sa noblesse pourtant évidente n’est jamais mièvre. Il accroche d’ailleurs le torero qui tente de le faire passer dans son dos.
Portail grand ouvert, il refuse de s’enfuir vers les corrals et veut continuer à lutter. Novillo  de vaches !

Escribano et le rythme de "Zagalo"
Pour clôturer le tentadero, Salvador VEGA lidie « Capullo » le n° 4. Son entrée en piste est un spectacle pour l’aficionado. Planté au centre, tête haute, les muscles tendus, prêt à en découdre,…un régal pour les yeux !
Le tercio de varas va être spectaculaire. L’utrero ne s’emploie pas énormément dans le caparaçon, mais il s’y élance, de loin, avec une allégresse galopante merveilleuse. Les cinq piques arrachent les premiers applaudissement d’un public sérieux et concentré jusqu’alors.
Il s’avère compliqué pour le torero. Il garde la tête haute, le cherchant sans cesse du regard. Pourtant à chaque sollicitation, il obéit en noble et charge avec promptitude.
Taureau féroce qui ne permet pas d’enchaîner les passes. Très exigent pour le torero car il ne se livre jamais complément, il est un grand taureau de public, un grand taureau d’aficionado. Lui aussi tarde à partir malgré la porte grande ouverte.

"Chacha" prêt à en découdre


En hommage à René CHAVANIEU présent et qui fêtait ses 90 ans en annonçant ses adieux d’aficionado, le mayoral Fabrice TORRITO annonce que ce nouveau semental est rebaptisé CHACHA.

Longue vie donc au nouveau semental CHACHA!

Le couronnement de Chacha.
Fabrice Torrito annonce à

René Chavanieu que "Capullo"
devient "Chacha" et

va couvrir les vaches
de Mirandilla!



Toutes les photos sont d'Alex Blanco

lundi 15 décembre 2014

Albaserrada sur le site Torofiesta


Un toro d'Albaserrada pour 2016

Bel article sur notre élevage de Paul Hermé publié sur son site TOROFIESTA le 12 décembre dernier.

Cliquez pour lire :

http://www.torofiesta.com/index.php?option=com_content&view=article&id=3740:albaserrada&catid=1:nouvelles

samedi 13 décembre 2014

Les dirigeants du Rijeka de football à Mirandilla


C'est devenu une habitude pour les équipes de football qui doivent affronter le SEVILLA FC en coupe d'Europe que de venir visiter Mirandilla le matin du match.

Maruchi, Fabrice Torrito et Luka, 
un dirigeant de l'équipe de Rijeka,
aprés l'échange de maillot et azulejo
Ce n'est pas pour déplaire à notre Mayoral dont on connait son autre passion pour le ballon rond.
Après le Standard de Liège belge, ce sont les croates du HNK RIJEKA qui ont aposé un azulejo sur la Cerca de los franceses à l'issu de la visite de découverte de la ganadería et ont offert un maillot signé par les joueurs de l'équipe.

Par contre, on ne peut pas dire que passer par Mirandilla leur porte chance. L'équipe balkanique, comme cela s'était produit avec les wallons, a ensuite perdu son match et se trouve éliminée de la compétition ...

jeudi 11 décembre 2014

Diaporama des Journées Torrito Afición




Revivez les deux intenses journées de Torrito Afición du mois dernier avec les photos d'Alexandre Blanco

mardi 9 décembre 2014

Aux portes de l'Histoire

Les portes de l’Histoire, voila la première réflexion que nous nous sommes faits en pénétrant dans la célèbre et tout autant historique finca Mirandilla, propriété du Marquis d’Albaserrada.

L'entrée de la finca

Nous étions arrivés la veille sur Séville, et nous attendions impatiemment, à la manière d’enfants qui attendent de voir arriver noël, d’enfin pouvoir mettre les pieds sur le sol de Mirandilla.


Il faut dire que Mirandilla ça nous parle ! Voila désormais 5 ans qu’au moyen d’un superbe blog les carnets du mayoral Fabrice Torrito, un nîmois qui plus est, nous fait vivre l’aventure romantique de la caste et du toro bravo.



Un angle de la Cerca
de los franceses

A Nîmes, il n’est pas toujours facile d’assumer dans nos arènes, notre envie de voir sortir en piste un toro qui serait capable de semer la panique dans le ruedo par sa caste débordante. Un toro qui provoquerait batacazo au cheval, prendrait 3 piques en brave, déborderait le matador en début de faena, mais qui, s’il est bien lidié et dominé, serait capable d’offrir ses deux oreilles en donnant de la toréeabilité encastée.


Cette vision là de la tauromachie est trop peu défendue et préservée. Et quand Fabrice Torrito, devient mayoral d’une ganadéria et pas des moindre, celle d’Albaserrada, autant vous dire que l’aficion nîmoise et au delà française, s’est prise passion pour cet homme et son projet qui vont à contre courant de ce que le business taurin du moment impose.

Retournons donc à la réalité, nous voila désormais en train de fouler le sol pour rejoindre la fameuse Cerca de los franceses, une arène de tienta rectangulaire, extrêmement vaste, et que l’on devine immédiatement exigeante pour les bêtes. La philosophie et le projet taurin de Fabrice transpire totalement de cette arène quasiment incrustée dans le somptueux paysage naturel andalou.

Au programme de ces deux jours chez le Marquis d’Albaserrada donc, trois temps forts.


Sorteo des représentants des toreros
Vilches, Vega et Escribano
Le lundi 10, la tienta de vaches pures produits des sementales de Isías y Tulio Vázquez ainsi que de trois novillos de sang Pedrajas, véritable test pour le mayoral. L’assemblée générale du club taurin « Torrito aficion » et l’hommage à notre figure nîmoise, doyen des aficionados René Chavanieu  en présence de nombreux clubs taurins nîmois et français le lundi soir.
Enfin, le lendemain l’herradero de près de 60 bêtes promet une belle matinée de campo.

Nous assisterons avec bonheur à ce moment fort de la vie de la ganadería Albaserrada et pour Fabrice, que nous observerons bien attentivement tout au long du déroulé de la tienta.
La reseña de fin de journée de Fabrice nous permet d’apprendre que deux novillos de tienta sur trois seront conservés. Il nous explique pourquoi et dans les détails, passionnant ! D’autant que le troisième et dernier, qui a totalement conquis notre René Chavanieu, a gagné son nom : CHACHA !

Le futur semental Chacha et 
son tercio spectaculaire de piques
Après une passionnante assemblée générale, un bel hommage de l’aficion à « Chacha », et de beaux projets à venir du club Torrito Aficion, le final à la Bodega la Bomba l’est tout autant, tout comme la première sevillana du Président des Jeunes Aficionados dansée avec Arlette approximativement vers 2 ou 3h du matin !

Mardi 11 novembre, le réveil est dur, mais nous émergeons vite, aujourd’hui pas de place pour la fatigue, nous avons du boulot ! Un herradero (ferrade) de près de 60 veaux et génisses. A l’ancienne, entre deux « migas », les bêtes sortent, les attrapaïres se jettent dessus, relâchent, se font charger, ça glisse ça tape, ça rigole, quelle matinée ! 

Les veaux avant le marquage
La proximité de Fabrice avec cette fine équipe que nous étions nous fait encore plus apprécier ce moment unique. Nous ne sommes pas de simples « touristes » de passage sur Mirandilla, nous en sommes des acteurs et jamais avare de discussions, notre nîmois n’hésitent jamais à venir nous donner quelques anecdotes ! 


Le mayoral au fer

Ensuite, une jeune vache a permis aux plus courageux de montrer technique et style, capote et muleta en main. Enfin, ceux qui ne l'avaient pas encore fait on pu visiter les lots de novillos et toros préparés pour 2015 et 2016.

Maguelone et Seba al alimón
La matinée démarrée à 8 heures, se termine sur les coups de 13h30 autour d’un repas bien mérité, et avec l’improvisation de chant flamenco puro du jeune novillero du coin, Miguel León.

Le final tardif avec Fabrice et les nîmois de COL Y TOROS dans un des nombreux bars de Gerena conclu parfaitement un séjour magique…. de pura vida !


Les jeunes aficionados nîmois et
Fabrice Torrito devant leur azulejo
Les Jeunes Aficionados nîmois
Photos : Alexandre Blanco

dimanche 30 novembre 2014

Eloy Hilario, novillero


En el toreo, no todo son G5, cachés millonarios, negociaciones de despachos, elección de ganaderías de "garantías", fundas, afeitados, ...  existen todavía el sueño puro, la ambición honesta, la quimera natural, las ganas verdaderas de convertirse en figura del toreo.

He recibido hoy esta carta de parte del novillero Eloy Hilario que me ha alegrado el corazón. Desaliento y grito al cielo, pero energía y ganas. No sé lo que será de Eloy en el futuro, si tendrá la suerte que alguien le eche una mano, que le toque el buen toro el día esperado, que sepa lidiarlo, ... pero lo que si podrá decir es que por lo menos lo ha intentado con empeño y solera ... ¡Olé!

"Buenos dias.
Soy Eloy Hilario, Novillero con picadores. Hago este escrito para pedir la mano de alguna persona para salir adelante en este mundo tan difícil, como es el toreo. 
Eloy Hilario. Foto Eva Morales

Lucho día a día, me estoy sacrificando y dando mi vida por ser figura del toreo. Por eso hago este escrito. Para pedir la ayuda de algún ganadero. Estoy dispuesto irme con la primera persona que me eche una mano. Ya que no tengo la oportunidad de tenerlo tan fácil como algunos compañeros. 
Quiero sacrificarme por lo que quiero, que es ser figura del toreo y estoy dispuesto entregar mi vida para ello. Un cordial saludo, y muchas gracias poreste escrito.
leer 
Eloy Hilario"
Móvil : 633 483 665

jeudi 27 novembre 2014

Agradecimiento de Maruchi


María del Buen Consejo Benjumea Maestre, conocida como Maruchi, agradece de corazón los innumerables mensajes de condolencias que ha recibido desde Francia y España tras la muerte de su esposo José-Luís García de Samaniego y Queralt, Marqués de Taracena y ganadero de los toros de Marqués de Albaserrada.

En estos momentos muy duros, leer y oír tantísimos testimonios de simpatía y muestras de cariño hacía la figura de su marido fallecido ha resultado ser un bálsamo regenerador muy importante.

Los ganaderos unas semanas antes 
del fallecimiento de José-Luís
La ganadera, que desea más que nunca continuar la obra que su difunto marido empezó hace cincuenta años, va a seguir la reorientación “torista” de esta ganadería en los últimos años refrescando con el encaste Pedrajas.

Hace cinco años, cuando la salud de su marido se deterioró, cogió las riendas de la ganadería y ayudada por su fiel mayoral Fabrice Torrito consiguió que sus reses volviesen a lidiarse en corridas y novilladas en Francia.






Para ella, es fundamental que el espíritu que su marido había insuflado a los pastos de Mirandilla sigan presentes : autenticidad, romanticismo, pureza, integridad del toro, pitones, casta, bravura, …

Arropada por el sobrino de José-Luís, Hipólito García de Samaniego, por sus amigos íntimos, por la afición “torista” francesa y española, por los miembros del club taurino Torrito Afición, por su mayoral y sus vaqueros, Maruchi no duda ni un solo instante que debe seguir en esa dirección que había marcado el ganadero desaparecido.

Es consciente que ese camino no es el más fácil pero está convencida que con fe y afición encontrará recompensa y honrará así la memoria de su marido.

Remerciements de Maruchi


María del Buen Consejo Benjumea Maestre, plus connue comme Maruchi, tient à remercier de tout cœur les innombrables messages de condoléances qu’elle a reçus tant de France que d’Espagne, après le décés de son époux José-Luís García de Samaniego y Queralt, Marquis de Taracena et responsable de la ganadería des Marquis d’Albaserrada.

Dans ces moments difficiles, lire et entendre autant de témoignages de sympathie envers la figure de son mari disparu a constitué pour elle une aide psychologique fondamentale.

Les Marquis et leur Mayoral. L'aventure continue ...
 (Photo Julie Bérard)
La ganadera, qui désire plus que jamais continuer l’œuvre que son mari a amorcée il y a cinquante ans, va poursuivre le réorientation toriste de l’élevage entreprise ces dernières années avec l’encaste Pedrajas.

Il y a cinq ans, lorsque la santé de son mari s’est détériorée, elle a pris la direction de l’élevage et épaulée par son fidèle mayoral Fabrice Torrito, est parvenue à refaire lidier ses bêtes en novillada et corrida en France.

Pour elle, il est fondamental que l’esprit que son mari avait insufflé dans les prairies de Mirandilla, soit toujours présent : authenticité, romanticisme, pureté, intégrité du taureau, cornes, caste, bravoure, …
Entourée par le neveu de José-Luís, Hippolite García de Samaniego, ses amis intimes, l’afición toriste française et espagnole, les membres du club taurin Torrito Afición, son mayoral, ses vachers, Maruchi n’a aucun doute sur la direction à suivre que lui avait marqué le Marquis.

Elle est consciente que ce chemin choisi n’est pas le plus simple, mais elle est convaincue qu’avec foi et passion, son effort sera récompensé et ainsi la mémoire de son époux respectée et dignifiée. 

lundi 24 novembre 2014

L'élégance du Marquis vue par Antoine Beauchamp


Ce texte et cette superbe photo d'Antoine Beauchamp étaient parus sur mon blog en 2010 :

Antoine Beauchamp est un jeune géographe qui s'est installé pour un an à Séville, pour rédiger un mémoire d'études sur l'élevage des toros bravos.

Il tient sur "Signes du Toro" le site internet de l'émission taurine de France 3, dans la rubrique "La Route des toros", le journal de cette aventure.


"Jeudi matin. Direction Gerena, ganadería du Marquis d’Albaserrada. Nous arrivons devant la grille. Derrière une haie vive de figuiers de barbarie sonnent des cloches. Les bœufs sont avec des novillos. Dans une encoche libre d’épines, j’aperçois un novillo armé, debout sous la chaleur qui plombe ce mois de juin. Le thermomètre de la voiture affiche 30°, il est neuf heures et demie. La campagne du Nord de Séville s’apelle dehesa et elle a quelque chose de divin, d’olympien. Le toro est ici chez lui, cette terre est sa terre et debout sous le soleil il a les yeux mi clos. Notre hôte,

Fabrice Torrito arrive et nous ouvre la grille de la Mirandilla. Nous le suivons dans l’allée où se lève la poussière. Des eucalyptus monumentaux nous surplombent. Nous discutons en descendant de voiture. Nous nous dirigeons vers l’écurie. Nabuco, l’un des chevaux de l’élevage se tient dans son box, il est noble, il a de l’allure. Puis nous suivons Fabrice jusqu’à son bureau. Une salle ouverte et fraiche qui sent la sellerie, le cuir tanné, où cohabitent des chapeaux cordouans, des bottes, des selles, et un bureau avec un petit ordinateur réunissant toutes les données de l’élevage. Ca y est, je vois enfin ce rêve d’élevage andalou. Je lui fais part de mon admiration pour son cadre de travail bien loin des open space à la new yorkaise où celui qui a une cravate ressemble à son voisin qui a lui aussi une cravate et où l’on parle, pour faire passer le temps, du nouveau modèle d’écran plat qui viendra combler les soirées solitude-plateaux repas. Fabrice Torrito me dit « Au moins ça vit ». Que faire sinon acquiescer ? Les hirondelles plongent dans la cour en sifflant.

Nous discutons de la situation de l’élevage, celui d’Albaserrada et de l’élevage en général. La maison Albaserrada est à un tournant décisif. Après avoir connu des années de pente glissante, l’heure est à la réaction. Fabrice Torrito nous explique son intention de retrouver le toro qui a fait la gloire de l’élevage, le toro-toro, pas le toro fade que l’on croise souvent sur nos sables. L’ambition torista est affirmée sans dogmatisme excessif. La confiance sereine et modeste de Fabrice Torrito force le respect. Nous sommes loin des projets fous qui mènent les élevages aux moyens dantesques à cloner des animaux, car oui, c’est fait, chez Guardiola un étalon âgé de 15 ans a été cloné. La chose reste rare.

Puis dans la cour de la maison de maître, de la plus grande des élégances, nous parlons de ses débuts en tant que mayoral dans l’élevage il y a de cela quinze mois. Des jalousies, des rancœurs, un sentiment grégaire, ont inspiré à certains idiots les gestes les plus bas qui soient pour empêcher Fabrice Torrito de démarrer son travail. Insultes, graffitis, menaces par téléphone, incendie criminel du hangar où étaient entreposées 120 tonnes de fourrages, telle fut l’ambiance de la prise en main d’un élevage andalou par un non andalou. La tempête a passé et Fabrice Torrito est resté en place. Il m’explique que sans le tourisme, l’élevage ne survivrait pas. Les toros d’Albaserrada étant hors des canons actuels imposés, l’enjeu est de s’engager dans une voie torista afin de retrouver le chemin des arènes.

Nous partons visiter la dehesa généreuse où le bétail peut encore se nourrir après les pluies diluviennes de cet hiver. Nous voyons les novillos, puis les añojos, toros de un an et les erales, toros de deux ans. Pour l’heure, seuls des lots de novillos sont prévus. Le but est de remonter une ganadería à partir de ses qualités de départ. Plus les résultats sont connus rapidement, mieux cela vaut. Le seul et unique révélateur des décisions prises est ce temps précieux qui serre le cou des élevages en reconstruction.

La dehesa est belle, les oliviers sauvages, les chênes verts, les chênes lièges, les genêts, les eucalyptus, le thym, le fenouil sauvage, cette nature sauvée du goudron émane de mille odeurs sous le soleil et la brise de juin. Nous voyons les étalons, les vaches, puis retournons jusqu’aux bâtiments de l’élevage. La plaza de tientas a des allures de friandise dans sa rondeur coquette.

Nous allons nous mettre à l’ombre. En arrivant sur le seuil de la maison de maître, j’aperçois en contrejour l’ombre d’un homme avec un chapeau à bord plat. Il s’avance et nous salue dans un français roulant des plus chics. Le Marquis d’Albaserrada reçoit. Déjà âgé, cet homme garde la dignité des rares personnes nées pour être élégantes en toute circonstance. Son pas, même s’il est parfois mal assuré, est sans heurs. Il a le regard d’un éternel poète qui, sur toute chose, porte un jugement distingué, sans bassesse. N’osant pas le prendre en photo de face comme s’il était une fleur dans une serre ou une starlette géranium dans un pot de papier glacé, j’attends qu’il s’éloigne. Il s’arrête sur le pas de sa porte. Regarde cette cour qu’il a traversée de nombreuses fois. Les sentiments se croisant dans la tête de cet homme doivent être nombreux, peut-être sont-ils ceux d’un doux naufrage, celui de la vieillesse qui saisit toujours les téméraires qui osent s’y frotter.

En le voyant de dos, son chapeau mis de côté, les manches retroussées, les mains dans les poches, le dos droit, je ne parviens à me dire qu’une seule chose : l’élégance du Marquis.

L’élégance du Marquis et la ténacité de Fabrice Torrito me rassurent. L’élevage de braves peut continuer à exister. Mais son élégance et sa diversité sont fragiles comme cet homme âgé et à la merci des inconséquents pyromanes de tout type. Alors, parlons en pour que ses remparts ne se craquèlent pas trop."

Texte et photos d'Antoine Beauchamp.


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mercredi 19 novembre 2014

Le carnet du Marquis


“Ah le torero vedette d’aujourd’hui … ne m’en parlez pas. Mais comment peut-il dire qu’il n’a pas pu briller parce que le taureau ne l’avait pas servi? N’a-t-il pas honte? Un taureau qui sert? Mais c’est quoi ça? Quelle horreur. Bon sang, un taureau de combat n’est pas un serveur de bar avec une serviette sur le bras, un plateau à la main qui vous apporte une limonade! C’est un animal sauvage, avec son caractère propre, ses qualités, ses défauts et c’est au torero de le dominer, de se mettre à sa disposition, de la faire briller, de le mettre en valeur, pas l’inverse!”

C’était la première fois que je rencontrais José-Luís García de Samaniego y Queralt, plus connu comme le Marquis d’Albaserrada. C’était en septembre 1992, à l’Institut culturel français de Séville, après une conférence. Quel bonheur d’entendre cette vérité sortir de la bouche d’un ganadero! J’étais sur un nuage d’admiration et de respect.                                                                                                                                                                                                                                                                                             
Le mayoral aux côtés du Marquis pendant une tienta

Dix-sept ans plus tard, en mars 2009, je chemine à ses côtés à la Finca Mirandilla. Nous nous dirigeons vers les arènes pour une tienta.

Ces dernières années j’ai eu le privilège d’accompagner le Marquis pour ce test fondamental de sélection et en général pour le processus d’élevage dans son ensemble.

Ce fut une véritable transmission. Ce long apprentissage m’a réconforté dans une certaine philosophie d’élevage. Un éleveur ne doit pas vendre son âme, il doit poursuivre son idée jusqu’au bout, quelles qu’en soient les conséquences commerciales. Il doit rester un romantique dans cet univers de rationalisme à outrance. Intégrité du taureau, pas de fundas (protection des cornes), pas d’afeitado (manipulation frauduleuse des cornes), pas de miévrerie dans son comportement. Présentation, bravoure, caste et puissance!

Lors d'une ferrade, le mayoral protège son ganadero

Ce jour de mars 2009, tout va basculer pour moi. Un geste. Un simple geste. Un geste banal vu de l’extérieur, insignifiant pour le commun des mortels. Pourtant ce geste allait bouleverser  mon existence. Il sort de la poche de sa chemise son carnet de notes de tentadero et il me le tend. Aucune parole n’accompagne ce geste. José-Luís n’était pas un homme loquace. Il ne reprendra plus jamais ce carnet. Conscient que sa santé s’amenuisait, il venait de décider de passer la main. Le carnet du ganadero venait de se transformer en carnet du mayoral.

Le carnet du ganadero
Le carnet avec les
commentaires de José-Luís

C’était l’aboutissement d’un rêve, mais aussi le début d’une aventure …

Une évidence pour moi, l’obligation de ne jamais trahir la philosophie de ce grand ganadero qui vient de nous quitter.

José-Luís, Marquis d'Albaserrada, MERCI de m’avoir offert cet honneur. Et d'où que tu m'observes, tu peux être certain que je vais tout faire pour ne pas te décevoir.

Le mayoral encadré par José-Luís et Maruchi
Photo Paul Hermé

vendredi 14 novembre 2014

Le Marquis n'est plus


Ce 14 novembre à 4h00 José Luís García de Samaniego y Queralt, le ganadero des Marquis d'Albaserrada est décédé à Séville dans sa quatre-vingt-cinquième année.

mercredi 12 novembre 2014

Li Torê de Liège


Le 6 novembre dernier, l'équipe de football belge du Standard de Liège est venue jouer un match de compétition européenne contre le FC Séville (victoire 3-1 des espagnols).

Le matin de la rencontre, un groupe de dirigeants et sponsors du club visitait la Finca Mirandilla et découvrait l'univers d'un élevage de taureaux de combat.

Li Torê de Léon Mignon
Curieusement, un des symboles de la ville wallonne de Liège est Li TORÊ, une statue représentant la quête intemporelle de l'homme pour dominer la force sauvage de la nature dans son expression la plus puissante : le taureau.

La méridional que je suis retrouve dans cette œuvre de Léon Mignon la figure de l'attrapaïre dominant le fauve.

Le club belge posa un azulejo sur la Cerca de los Franceses et m'offrit un maillot de l'équipe signé par les joueurs.

Madame Duchatelet, l'épouse du Président du Standard de Liège pose l'azulejo du club
Le maillot de l'équipe offert au Mayoral

Photos : Vincent Kalut

vendredi 7 novembre 2014

Les derniers préparatifs


Les dates des journées de Torrito Afición approchent. Ce seront finalement près de 150 personnes qui y vont y participer.

Une équipe d'éclaireurs est déjà sur place pour aider le personnel de Mirandilla à terminer les travaux entrepris à La Cerca de los Franceses (3 burladeros supplémentaires et grilles en fer sur le dernier mur).

L'équipe des finitions, pinceaux en main,
autour de Maruchi,  la Marquise d'Albaserrada

mercredi 5 novembre 2014

Programme définitif des journées Torrito Afición


DIMANCHE 9 NOVEMBRE

19h00, au stade municipal de Gerena, en ouverture de ces journées, match de foot entre l'équipe locale et l'équipe Torrito Afición, à forte ossature beaucairoise.

La vache Descarada (577) et son rejeton
(un des rares mâles nés à Mirandilla pour l'instant).
Photo de Laurene Desbordes.

LUNDI 10 NOVEMBRE

A partir de 8h00, faenas de tri du bétail pour les journées (génisses de tienta, novillos de Yerbabuena, veaux et velles de la ferrade, ...)

15h00, tentadero de 3 vaches filles des étalons de Isaís y Tulio Vázquez et de 3 novillos de sang Pedrajas pour Luis Vilches, Salvador Vega et Manuel Escribano

17h30, hommage à René Chavanieu

18h00, assemblée générale de l'Association

19h00, apéritif


Participation aux frais : 20 €



MARDI 11 NOVEMBRE


8h00, ferrade de 25/30 veaux

9h30, petit déjeuner “migas”

10h00, ferrade de 25/30 veaux

11h30, visite de la ganadería en tracteur/remorque (camada 2015)

12h30, apéritif

13h30, capea pour les amateurs de “chiffonades”

14h30, déjeuner à la ferme


Participation aux frais : 50 € pour les non-membres et 40 € pour les membres de Torrito Afición (à jour de cotisation)


Inscription obligatoire à :

algarra.sylvie.puce@hotmail.fr
antho.crouzet@hotmail.fr

vendredi 31 octobre 2014

L'année des velles

Le mois d'octobre marque traditionnellement le début de la période de vêlage au campo andalou.
Pour le mayoral, c'est une époque merveilleuse, pleine d'espoir.
Observateur, il sait que la vache 46, Ilustrada, a du mettre-bas car il ne l'a pas vue depuis deux jours. Il part alors à la recherche du nouveau-né.
Et cette joie, toujours aussi forte, d'apercevoir pour la première fois le veau camouflé derrière un buisson.

Nouveau-né vu pour la première fois!
Commence alors l'opération de capture pour déclarer, identifier et boucler le nouveau-né. Mais ça je vous raconterai un jour ...

Soustraire le veau à sa mère ...
On espère toujours que le nouvel arrivant soit un mâle. Pourtant, le millésime 2015 a très mal débuté.
La première naissance, de la vache Ilustrada, qui portera la boucle de traçabilité nº 8082, est une velle.

La lettre H (Hembra) identifie une femelle sur le carnet du mayoral


Et il semblerait que cela marque la tendance pour cette année. 12 femelles sur 15 naissances pour l'instant! 80 % de velles. C'est rageant, mais la nature dispose.

La première naissance, bouclée du nº 8082 est une velle

mardi 28 octobre 2014

La bague de cigare Albaserrada


On fait parfois des trouvailles inattendues aux marchés aux puces ...

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mercredi 22 octobre 2014

La malédictions des taureaux vedettes


Il ne fait pas bon être taureau célèbre dans l’élevage du Marquis d’Albaserrada.

Souvenons-nous de quelques événements sur cette saison écoulée à la Finca Mirandilla.

La complicité de Bandera et son mayoral
Bandera, le semental du renouveau, le premier géniteur que j’avais choisi, le taureau qui me mangeait dans les mains, l’animal à la noblesse hors du commun. Après un premier avertissement et une grosse rouste reçue, après six mois de convalescence, remis et destiné à nouveau à la reproduction, ses concurrents étalons à la mémoire obsessionnelle, lui font regretter ce traitement de faveur : tué.

Timonero après sa lutte avec le tracteur vert
Timonero, le taureau du tracteur vert, l'exterminateur de pneus, le "copain" des vachers chico et javi, … L’afición française se faisait un plaisir de voir cet animal à l’œuvre, en corrida, à Vergèze. Là encore, ses frères en ont décidé autrement : assassiné.

Et tout récemment, Terrero, le semental coquin qui prétendait les vaches du géniteur voisin. Archi-connu sur ce blog et filmé lors de ses frasques à épisodes, ce tapage médiatique a molesté les autres reproducteurs : massacré.

L'astucieux Terrero qui passait sous le barrage

De deux choses l’une. Ou les taureaux de Mirandila sont abonnés à ce blog et s’indisposent de la célébrité des vedettes de l’élevage …

Ou, plus sérieusement, les taureaux qui font parler d’eux au campo sont ceux qui ont un comportement hors normes, qui ont en fait une personnalité plus marquée. Et ça, indéniablement les animaux le sentent et ne le supportent pas.

Si tu veux vivre heureux et longtemps au campo, … fais-toi oublier!

jeudi 16 octobre 2014

Pepita


Pepita s'en est allée cet été.

Josette Michel pour l'état civil, Pepita pour la tauromachie.
C'est surtout Pepita que j'ai connue, beaucoup moins Josette Michel, la fleuriste du Grau du roi.

Partageant son existence entre le sud gardois et Séville, elle était une figure incontournable du mundillo.
C'est en Andalousie, sa seconde patrie (sa première?) qu'elle a passé les meilleurs moments de son existence.
Elle a été, à n'en pas douter, une pionière de l'afición française. Amoureuse de l'Andalousie, elle n'a pas hésité à s'y installer il y a ... fort longtemps.

Et quelle ambassadrice pour ses deux terres chéries! Elle n'a jamais cessé de faire connaître les traditions de la Camargue à ses amis andalous et de faire partager les coutumes de l'Andalousie à tous les visiteurs français. 

En 1991, au Toruño, chez Guardiola, Fabrice Torrito avec
Martine Blatière, un ami et l'irremplaçable Pepita, devant l'azulejo hommage
à Piano grâcié à Ronda
Amie (mère, sœur?) de Paco Ojeda (marraine d'une de ses filles) mais aussi de tous les toreros. Très intime de la famille Guardiola, mais aussi de tous les ganaderos. Pas un mayoral, vacher, journaliste, maestrante, politique qui ne vouaient à Pepita un respect absolu.

Elle dédiait une véritable dévotion à tout ce qui touchait de près ou de loin le monde taurin. Et jamais d'amertume ou de tristesse. Seulement jouir des moments divins que peut vous offrir l'art de la tauromachie.

Pour moi, elle a été le premier contact lors de mes virées andalouses. Des places de corrida pour le retour d'Ojeda en 91? Pepita. Un tentadero au Toruño, chez Guardiola? Pepita. Un logement dans le Santa Cruz? Pepita. Une entrée dans les casetas les plus taurines? Pepita. Una copita dans les tavernes les plus authentiques du vieux Séville? Pepita. Ah ces tournées de "sol y sombra" (anis et cognac) en clôture de la féria!

Avec une verve mi-camarguaise, mi-andalouse, elle avait toujours une anecdote taurine à vous raconter. L'écouter (et vous n'aviez pas le choix) vous faisait voyager en apnée dans l'univers le plus intime du taureau. Qu'elle en savait des choses taurines! Mais elle savait ne les livrer qu'à bon escient et jamais pour crtitiquer, mais pour faire rêver. Et toujours avec de la joie, de l'alègresse, du bonheur et du positif dans ses immenses yeux clairs.

Pepita à Mirandilla en 2009

On s'était vus pour la dernière fois à Mirandilla au Printemps. Elle était venue montrer le campo et les taureaux à un de ses arrières petits-fils. Egale à elle-même, elle respirait l'enthousiasme et débordait d'histoires à conter. Avec José-Luis, le Marquis d'Albaserrada, ce sont des décennies de souvenirs qu'ils s'étaient remémorées.

Pepita, merci pour tout ce que vous m'avez appris et montré sur Séville. C'est certainement en vous écoutant vanter les bienfaits de cette terre merveilleuse que s'est forgée mon envie de m'y installer à mon tour.

Reposez en paix!

vendredi 10 octobre 2014

L'azulejo de los Pitones d'Albi


Après COL y TOROS, PÉLISSANNEEL CAMPO de VAUVERT et EL TORO CASTAÑO de SUMÈNE, ce sont des membres de LOS PITONES d'ALBI qui ont visité Mirandilla et voulu participer à l'aventure de "La Cerca de los Franceses" en y plaçant un azulejo au nom de leur Cercle taurin.

Pierre Fons le Président et Michel Bressolles le vice-Président placent l'azulejo

Les membres du Cercle taurin Los Pitones d'Albi devant leur azulejo